jeudi 22 novembre 2007

# 96 – RIO DULCE – Un parfum de Caraïbes



# 96 – RIO DULCE – 22 novembre 2007 – Un parfum de Caraïbes

Aujourd’hui, c’est le grand départ. Vous l’avez compris, nous devons bouger. Et oui, nous avons tellement aimé le lac Atitlan et ses alentours que nous y avons passé pas moins de neuf jours. Il ne nous reste donc plus beaucoup de temps pour rejoindre la frontière Guatemala-Belize-Mexique. Comment décider de notre prochaine destination ?





Il nous faut impérativement nous rapprocher de la frontière et donc partir en direction du nord-est. Dit comme ça, cela peut sembler trivial mais les chemins les plus courts ne sont pas forcément les plus rapides.


Surtout avec de petites routes, charmantes à ce qu’on nous en a dit mais parfois dangereuses, disséminées dans les montagnes.


Par ailleurs, prendre l’avion revient très cher, notamment parce que les lignes aériennes sont peu développées. Le bus reste donc la seule option disponible. Seul hic : les temps de trajet sont longs, très longs.



Il nous faut de toute façon une journée pour rejoindre notre prochaine étape, que ce soit Coban au milieu du pays, ou Rio Dulce près de la mer des Caraïbes. Nous nous décidons finalement pour Rio Dulce. Il faut bien choisir quelque chose… Et c’est parti mon kiki. Un premier minibus nous conduit jusqu’à Antigua. De là, dans un second minibus, nous faisons tout le tour de toute la ville pour récupérer d’autres voyageurs et - au bout d’une heure – revenir très exactement à notre point de départ ( !!!) et poursuivre notre route vers Guatemala City.

Jusque là tout va bien, nous n’avons pas été attaqués !


De toute façon, avec de l’argent disséminé un peu partout, nous devrions réussir à en sauver quelques uns en cas de coup dur. Et là, c’est le drame. Enfin, toute proportion gardée, bien entendu. Notre minibus nous dépose, comme convenu, dans l’un des terminaux de bus de la capitale en nous annonçant un premier délai.




Au lieu d’attendre une heure, nous voilà bons pour au moins une heure et demie de rêverie dans l’une des villes les plus polluées que nous connaissons : l’air y est tout bonnement irrespirable en raison des gaz d’échappement. Il faut dire, avec cette manie de laisser tourner les moteurs en permanence, surtout lorsqu’on ne roule pas, ce n’est pas très étonnant.



Et ne croyez surtout pas que cela soit à cause du maintien d’une température idéale dans les habitacles puisque bon nombre de bus ne sont bien sûr pas équipés de climatisation… La raison doit donc être ailleurs. Serait-ce parce que le redémarrage après arrêt du moteur est parfois hypothétique et qu’il vaut mieux ne pas prendre de risques ?


Rien n’est moins sûr…

Nous prenons donc place dans une petite gargote située juste en face du terminal. Outre le fait que cela nous permet de nous rassasier et de nous poser (la gare routière n’étant pas très avenante), c’est surtout un excellent point de vue pour observer la vie locale. Surtout qu’avec la ponctualité latine, c’est presque trois heures que nous devons finalement passer là.




Imperturbablement, une vieille femme harangue la foule afin de vendre un véritable instrument de torture pour tout parent : une espèce de marteau en plastique qui fait un horrible bruit vaguement musical dès que les enfants s’en servent. Cette trouvaille dont elle se sert avec régularité a, il faut le dire, bien peu de succès parmi les voyageurs qui fuient plutôt devant le bruit infernal. Non loin de là, une famille descend d’un pick-up une grosse poubelle blanche toute ronde dont quelque chose dépasse du couvercle pourtant fermé. Mais oui, c’est bien la tête d’un gros chien noir qui en sort à grand peine.


Ne vous inquiétez pas, l’animal est bien vivant et a l’air de bien se porter, mais quelle drôle de caisse de voyage…

Des animaux, nous en avons aussi dans notre bus qui finit enfin par arriver. En l’occurrence il s’agit de… crevettes. Et oui, nous le découvrons à cette occasion, les bus guatémaltèques font non seulement transport de voyageurs mais aussi transport de marchandises ! En soute, cela va sans dire. Sauf que lorsqu’on charge un peu trop le bus, il n’y a plus de place pour les bagages des voyageurs…



Après maintes réflexions, l’équipage décide finalement de placer les sacs des voyageurs étrangers à l’intérieur du bus, sur un siège avant. En un sens cela nous arrange, car la perspective d’avoir nos affaires qui sentent la crevette pour le reste de notre voyage ne nous séduit guère. Déjà que nous avons parfois du mal à faire notre lessive…

Ceci étant cela supprime aussi une place assise pour un voyageur…


Plutôt gênant en soi, même si nous n’avons guère d’alternative. Cela n’est cependant qu’un problème théorique puisqu’une nuée de passagers passent de toute façon une grande partie de leur trajet debout, accrochés comme ils le peuvent aux sièges de l’autobus. Bien évidemment, dès que quelqu’un veut monter ou descendre en chemin, tout le monde se pousse tant bien que mal pour faire un peu de place. De même, lorsque des vendeuses montent à bord pour proposer les marchandises placées dans les paniers qu’elles portent sur leurs têtes.



Certaines d’entre elles font d’ailleurs preuve d’une extrême dextérité puisque, malgré les chaos de la route, elles parviennent à couper du poulet rôti avec les mains, à le placer sur une tortilla, puis à l’arroser de sauce tomate et autre piment. Etonnant. Et sans parler de la dextérité des passagers qui, dans les tressauts du car, tiennent leur tortillas pleines d’une sauce que nous pouvons voir aller et venir en musique : débordera, ne débordera pas ?


Après un départ à 10h le matin, nous arrivons à Rio Dulce à 23h, soit avec trois heures de retard.

Qui plus est sous une pluie battante. Nous sommes perplexes : allons-nous trouver, à cette heure tardive, une ‘lancha’ (bateau) pour nous transférer dans un hôtel au bord du lac Izabal ? Et bien a priori non. C’est en tout cas ce qu’un hôtelier (presque sorti du buisson et bien content de voir des clients potentiels échoués sur le bord de la route) nous indique. Puis, fort à propos, il nous indique qu’il a des chambres disponibles pour la nuit dans son hôtel qui, il faut bien l’avouer, n’a rien d’engageant.


Ce n’est qu’après avoir passé une nuit bruyante et malodorante en ce lieu (à cause des camions et autobus, fenêtres non hermétiques obligent), que notre hôtelier nous indique que l’hôtel où nous avons choisi de nous rendre a sa propre ‘lancha’ et qu’il suffit de l’appeler pour que l’on vienne nous chercher. Ah bah tiens, il s’était bien abstenu de nous le dire la veille le petit canaillou ! La mémoire aurait-elle flanché ? La personne contactée à l’hôtel la veille au soir s’était bien gardée de le préciser également…

Allez comprendre !

Les alentours de Rio Dulce nous permettent de découvrir une toute autre facette du Guatemala. La mer certes, mais surtout une population fort différente. Ici point de descendants des Mayas puisque la population est majoritairement noire. Si les maisons sont tout aussi colorées que dans les montagnes, elles sont en bois – parfois sur pilotis – et plus typiques des Caraïbes.



Nous avons littéralement l’impression d’avoir changé de pays. Sentiment renforcé par notre trajet en bateau afin d’atteindre la petite ville de Livingston. Nous traversons en effet d’impressionnantes gorges recouvertes d’une forêt tropicale dense semblable à celle que nous avons pu voir en Asie. Les oiseaux semblent être partout et planent au-dessus de nos têtes. Nombre d’entre eux sont d’ailleurs en pleine migration.

A Livingston une scène étonnante nous choque.

Alors que nous faisons la queue pour acheter des papas fritas (des frites « maison ») à un vendeur ambulant, nous constatons que – pour une fois – nous ne sommes pas les seuls touristes à consommer « local ». Deux touristes, américaines qui plus est, nous précèdent en effet. Au moment de payer ses frites et son poulet frit, l’une des deux femmes sort un billet de 10 USD afin de régler sa commande.


Elle ne dispose manifestement pas de Quetzals dont elle ne connaît même pas le cours. Etrange lorsqu’on est dans un pays étranger mais bon, pourquoi pas. Après une scène comique d’interrogations sur la monnaie rendue et le taux de change pratiqué, elle prend sa nourriture et, à un mètre seulement du commerçant et des badauds attirés par la « scène du change », elle prend les aliments du bout des doigts pour les jeter par terre en direction de deux chiens galeux qui traînent par là, les hélant de « come on, my boy » et autre « good boy ». Là les bras nous en tombent.




On a beau aimer les animaux, dans un pays où la pauvreté sévit encore énormément, cela dépasse l’entendement. Certains habitants sont médusés, d’autres rigolent. Pour notre part, cela nous rappelle cette scène pathétique où un touriste japonais, tout fier de lui, avait donné à une petite Cambodgienne de deux ans à peine un billet pour l’avoir prise en photo. Le tourisme n’a décidément pas toujours que du bon.




Céline et Kim

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo à tous les deux pour la beauté et l'originalité des photos
bonne continuation gros bisous
Cathy